Pierre Ghenassia

EL HADJ


« Hadj, nous l’appelions ainsi, mais son vrai nom était Ghenassia », écrit le commandant Azzedine dans son livre « on nous appelait les fellagas ».

Pierre Ghenassia est tombé au champ d’honneur, en 1957 dans l’Atlas de Blida, sous le bombardement par l’armée française d’une infirmerie de l’ALN, refusant d’abandonner ses blessés, versant ainsi avec eux le sang de la dignité. Il avait à peine dix-huit ans. Elève de première moderne, il quitta les bancs du lycée bugeaud, avec ses camarades musulmans, à la suite de la grève des études et examens du 19 mai 1956.

Son sacrifice fut donné  en exemple par l’ALN, dans un appel adressé aux israélites de la région du Sersou, en 1958, et par le GPRA, dans une brochure intitulée Nous Algériens, éditée à Tunis au mois de mars 1960.

Descendant d’une famille juive originaire de Tétouan, «sommée d’être française en 1870 » il est né le 24 juillet 1939 à Ténès. Son père, Roger, était fonctionnaire de l’administration des impôts et sa mère, Nedjma Bensaid, propriétaire d’une bijouterie à Ténès.

Il rejoignit le maquis de Ténès à la fin du mois de février 1957, suite à la découverte par l’armée française de la cellule locale de FLN dont il était membre. Il avait commencé par militer dans le réseau clandestin « la voix du soldat » dirigé par Lucien Hanoun, professeur de littérature au collège du Champ de Manœuvres, à Alger, et membre du comité central du PCA, et Raymond Hannon qu’il connut à l’UJDA. Celui-ci était déjà en contact avec le maquis de Miliana par le biais de Bénali.

Dans une lettre envoyée du maquis à ses parent, le 03 juin 1957, Pierre  Ghenassia écrivait :

(une copie de cette lettre m’a été transmise par son cousin Jean-Pierre Saïd, ancien journaliste d’Alger républicain et moudjahid).

Lorsque ces mots ont pu enfin atteindre ses parents, Pierre Ghenassia était déjà tombé «pour l’Algérie». 

J’ai lu cette lettre un mardi  1er juillet 2008, lors de l’hommage rendu, par l’association Machaal Echahid, aux Algériens d’origines européenne tombés glorieusement au champ d’honneur. La salle de conférence était pleine. Dans l’assistance, Djamila Bouhired, héroine de la guerre de libération nationale, pleurait à chaudes larmes, me confia une journaliste de la chaine Radio-Alger internationale, assise auprès d’elle.

Le vendredi suivant, la chaine de télévision algérienne en langue française, Canal Algérie, m’a invité à présenter cette lettre à l’émission spéciale »Bonjour Algérie », consacré à la commémoration du quarante-sixième anniversaire de l’indépendance.

Pierre Ghenassia, âgé de dix-huit ans, fit partie de cette jeune élite algérienne qui eut à choisir et à mener au nom des générations de vaincus l’œuvre de libération de l’Algérie.

Pierre Ghenassia est de ceux qui comme Noureddine, Henri, Mokhtar, Raymonde, Belkacem, Abderrahmane, Abdelhak, Abdelghani, Lamine, Ahmed, Maurice et combien d’autres sont allés jusqu’à verser généreusement leur sang pour l’Algérie.

Avec d’autres jeunes ouvriers, paysans, lycéens, et étudiants, ils « ont renversé les murs du passé et ouvert les portes de l’Histoire ».           

                                                                                                               MOHAMED REBAH

 

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